Le 19 Avril 1213, le pape Innocent III avait lancé les lettres d’indiction du 12e concile œcuménique, adressées à tous les patriarches, archevêques et évêques de l’Orient et de l’Occident.
Deux choses me tiennent surtout à cœur : la délivrance de la Terre Sainte et la réforme de l’Eglise universelle. Le soin de ces deux affaires ne peut être différé plus longtemps, sans nous faire courir de graves dangers. Après avoir souvent prié Dieu, lui avoir demandé sa lumière, après de nombreuses délibérations avec des cardinaux et des hommes prudents, je me suis décidé, à l’exemple des anciens pères, à convoquer un concile général, qui exterminera les vices, fera fleurir les vertus, redressera les torts, réformera les mœurs, anéantira les mœurs, anéantira les hérésies, fortifiera la foi, mettra fin aux discussions, établira la paix, protégera la liberté, gagnera à la cause de la Terre Sainte les princes et les peuples chrétiens, et enfin rendra de sages ordonnances pour le haut et bas clergé.
Toutefois, comme le concile général ne peut se réunir avant deux ans, je ferai, dans l’intervalle, rechercher dans toutes les provinces ce qui a besoin de la lime apostolique, et j’enverrai des hommes de talent plaider la cause de la Terre Sainte, afin de prendre ensuite la direction de l’expédition, si le concile l’approuve. Préparez-vous donc à vous rendre au concile dans deux ans et demi, le 1er novembre 1215. Il ne restera que deux évêques par province, pour l’expédition des affaires courantes ; encore ces deux évêques et tous ceux qui auront une raison canonique de ne pas venir au concile y enverront des délégués. Conformément à l’ordonnance du troisième concile de Latran, chaque évêque n’amènera qu’une modeste escorte ; il restera même au-dessous de la limite fixée. Les chapitres des cathédrales et des collégiales enverront leurs délégués, car le concile aura à s’occuper d’eux. Les évêques examineront dès maintenant et noteront, dans leurs diocèses, ce qui, à leur connaissance, a besoin de réforme, afin de s’en ouvrir devant le concile. Ils aideront, dans la mesure du possible, les prédicateurs pontificaux pour la Terre Sainte ; aucun d’eux ne se soustraira, sous peine de censure canonique, à ces prescriptions et recommandations.
Pape Innocent III, Lettre de convocation au 4e concile de Latran, 19 avril 1213
Des lettres analogues furent envoyées aux grands-maîtres des ordres de chevalerie, à l’empereur de Constantinople, aux rois chrétiens, aux généraux des ordres monastiques, au chapitre de Constantinople (l’élection du patriarche latin n’étant pas encore confirmée), au catholicos d’Arménie et aux patriarches d’Antioche et de Jérusalem. Le pape exhortait ce dernier à solliciter la réforme des mœurs des chrétiens de Palestine pour mériter le secours de Dieu ; il lui mandait qu’il avait écrit au sultan de Damas et de Bagdad une lettre (qui existe encore) pour le décider à rendre la Terre Sainte. Ces lettres décidèrent 412 évêques, 800 abbés et prieurs et un grand nombre de représentants d’évêques absents et de chapitres à se rendre au concile.
Source : Mgr. Karl Joseph von Hefele, Histoire des Conciles d’après les documents originaux, volume 5, partie 2, Letouzey et Ané, 1907-1952, pp.1316-1317, lien.