Le document suivant, publié en 2014 par l’Institut des relations entre juifs et catholique de l’Université Saint Joseph de Philadelphie (https://sites.sju.edu/ijcr/ ), expose les notes personelles inédites de Jules Isaac et montre clairement les efforts des sionistes auprès des modernistes, pour que ces derniers les aident à promouvoir une fausse doctrine catholique sur la question de la conversion des Juifs, en insistant sur la révolution liturgique, mais surtout sur la subversion de l’identité du vrai Israël. Jules Isaac était un historien aux écrits radicalement anti-chrétiens. Il faisait du catholicisme, en particulier de l’Evangile de Matthieu et de l’enseignement des Pères de l’Eglise, la source de l’antisémitisme. Il écrit par exemple :
La source permanente et latente de l’antisémitisme n’est autre que les enseignements de la religion chrétienne dans chacune de ses descriptions, avec l’interprétation tendancieuse traditionnelle des Écritures. – Jules Isaac, Jésus et Israël p. 57
A ce sujet, nous renvoyons nos lecteurs à l’étude qu’à consacré Léon de Poncins aux intrigues juives au Vatican pendant les années de la révolution conciliaire : Le judaïsme et le Vatican.
C’est après la disparition de son épouse et de sa fille, mortes en déportation, qu’il consacra les vingt dernières années de sa vie à une étude critique des relations entre Judaïsme et Christianisme et qu’à cette fin il écrivit deux ouvrages importants : Jésus et Israël, publié la première fois en 1946, puis en 1959 ; et Genèse de l’Antisémitisme, publié en 1948 et de nouveau en 1956. Dans ces deux livres, Jules Isaac critique férocement les enseignements chrétiens, les déclarant avoir été la source de l’antisémitisme, et il prêche, ou pour être plus exact, il exige la » purification » et » l’amendement » de ces doctrines bimillénaires. […] Sitôt après la fin de la guerre, il commença d’organiser au plan national et international des réunions, suivies par des sympathisants catholiques favorables à ses arguments. […] La même année, il fut invité à la Conférence internationale de Seelisberg en Suisse, qui réunit soixante-dix participants appartenant à dix-neuf pays, parmi lesquels le R.P. Calixte Lopinot, le R.P. Demann, le pasteur Freudenberg et le Grand Rabbin Kaplan. Dans sa session plénière, la conférence adopta les » Dix points de Seelisberg » qui suggéraient aux Églises chrétiennes des mesures à adopter pour « purifier » l’enseignement religieux sur les juifs. Jules Isaac fonda alors la première Association d’amitié judéo-chrétienne, aidé en cela par le Grand Rabbin de France et son adjoint Jacob Kaplan, et les personnalités juives Edmond Fleg et Léon Alghazi, leurs amis catholiques comme Henri Marrou, Jacques Madaule ; Jacques Nantet et leurs amis protestants comme le Pr. Lovski et Jacques Martin. Les statuts de l’Association excluaient toute tentative de conversion réciproque parmi ses membres. Celle-ci fut rapidement suivie de la création d’associations similaires à Aix en Provence, Marseille, Montpellier, Nîmes, Lyon et pour finir à Lille, où Jules Isaac s’assura l’aide d’une religieuse de la Congrégation de Dom Bosco et le soutien du cardinal Liénart. Un peu plus tard, il s’en fonda une autre en Afrique du Nord. En 1949 il établit le contact avec le clergé de Rome et, par cette entremise, put obtenir une audience privée de Pie XII, devant lequel il plaida en faveur du Judaïsme, demandant au Pape de bien vouloir faire examiner les « Dix points de Seelisberg ». – Léon de Poncins, Judaïsme et Vatican, une tentative de subversion spirituelle, Londres, 1967, p.8
C’est pourtant avec beaucoup d’égard, et sur l’entremise des milieux maçonniques français et du cardinal Béa, que Jules Isaac sera reçu par Jean XXIII, qui sera lui-même à l’origine de la déclaration hérétique Nostra Aetate, promulguée après sa mort dans les actes du concile de Vatican 2 :
Le 13 juin 1960, le français et historien juif Jules Isaac fut reçu pour une audience privée avec le pape (sic) Jean XXIII. Isaac, ancien inspecteur général de l’instruction publique en France, cherchait après la première guerre mondiale, à se servir des livres d’histoire pour promouvoir la paix entre la France et l’Allemagne. Toutefois, sa famille fut tuée par les nazis pendant la shoah. Après la seconde guerre mondiale, il se dévoua à chercher les origines de l’antisémitisme culturel et religieux. Au cours de sa rencontre avec Jean XXIII, il résuma dans un classeur ses recherches à propos de l’histoire de l’enseignement chrétien « méprisant » à l’égard des juifs et du judaïsme. Cette rencontre est généralement considérée comme ayant été décisive dans la décision du pape (Jean XXIII) à demander au Cardinal Augustin Bea, le 18 septembre 1960, de rédiger une déclaration à propos des relations entre l’Eglise catholique et les Juifs, pour le second concile de Vatican. Ce fut la genèse du document Nostra Aetate. Les notes suivantes furent écrites par Jules Isaac peu après l’audience. Elles furent publiées dans le SIDIC Journal n°3 en 1968 et sont disponibles sur le site des Sœurs de Notre Dame de Sion. http://www.notredamedesion.org/en/dialogue_docs.php?a=3b&id=690
Journal personnel de Jules Isaac, mois de Juin 1960
Je ne me suis pas engagé à l’aveugle. Pendant le mois de décembre, à Paris et à Aix, j’ai étudié l’affaire et j’ai déniché tout ce que j’ai pu…J’ai esquissé un mémo pour la visite avec le pape, accompagné d’un dossier de programmes destinés à réformer l’enseignement chrétien sur Israël, un exemple de mythe théologique (La dispersion comme punition divine pour la crucifixion), des extraits du catéchisme du Concile de Trente qui affirment que l’accusation de déicide va à l’encontre de la vraie doctrine de l’Eglise…L’ambassadeur français au Vatican, à la demande du président Vincent Auriol, a donc officiellement demandé une audience auprès du pape, audience qui fut facilement obtenue (le franc-maçon Auriol est un proche ami de l’antipape Jean XXIII, ndlr). Il faut toutefois prendre en compte la difficulté et l’audace de ce projet. Le problème de l’enseignement catholique que j’attaquais est infiniment plus complexe que celui de la liturgie. Ce problème touchait, sinon les principaux dogmes de foi, au moins une tradition millénaire, produit des Pères de l’Eglise, depuis Saint Jean Chrysostome à Saint Augustin. Ainsi, il était nécessaire de combiner un maximum de prudence et tout autant de franchise, au cours de ces entrevues romaines. J’avais pleinement conscience qu’il s’agissait là d’un véritable tour de force et que j’aurais à éviter bien des embuches.
Vendredi, le 10 juin 1960
…Fin d’après-midi avec le cardinal Julien à la grande chancellerie…D’apparence, un très vieil homme, grand, un visage ratatiné, les yeux à demi-clos. Il écoute, ne dit pratiquement rien et je parle un long moment avec l’impression avoir atterri sur une autre planète. Une seule question m’est posée…sans relation avec ce que je venais de dire, mais qui montre assez bien les préoccupations du moment : « Ne pensez-vous pas que le communisme a une grande responsabilité dans le réveil actuel de l’antisémitisme ? ». Je réponds, saisissant à nouveau mon classeur…Vers la fin, je devins plus direct, car il semblait devenir plus amical, je lui demandais : « Eminence, pour ce genre de travaux, il est bon d’avoir une ou deux portes auxquelles frapper. A laquelle pensez-vous que je devrais toquer ? » Il réfléchit puis après quelques instants, il murmura : « Cardinal Ottaviani ». Je répondis : « Et avec le Cardinal Ottaviani ? » Il réfléchit encore une fois et lança vers moi dans un murmure : « Cardinal Béa ».
Dimanche, 12 juin 1960
…En fin de journée, une lettre de l’ambassade m’informa que l’audience aurait lieu demain…Je dormis peu cette nuit ; je préparais ma Note complémentaire et conclusive, afin d’avoir le maximum d’efficacité dans la forme la plus concise. Je préparais également les principaux thèmes à aborder. Je pris en compte le fait que le bon Jean XXIII aimait beaucoup parler, et que la discussion pourrait bien être libre et prendre un tour inattendu…
Lundi, le 13 juin 1960
…Nous entrons…dans la dernière pièce avant le bureau-bibliothèque où Jean XXIII reçoit. Longue attente. Quelqu’un nous informe que Sa Sainteté est fatiguée, qu’il est debout depuis minuit, qu’il doit recevoir beaucoup de monde, ce qui veut dire que notre temps sera limité. Finalement, vers 1 heures et quart, notre tour arrive. Le pape nous reçoit devant la porte ouverte. Je m’incline et Jean XXIII me tend simplement la main. Je me présente comme un non-chrétien, promoteur des Amitiés Judéo-Chrétiennes, ainsi que comme un vieil homme très sourd. Nous nous asseyons près du bureau, sur trois chaises installées cote à cote. Je me tiens à côté du pape, la simplicité même, contrastant avec force avec la pompe du décor et de la cérémonie précédente. Il ne semble pas fatigué. C’est un homme simple, rond, gros, son visage est marqué de traits forts et abimés, un grand nez, très souriant, riant spontanément, un regard transparent, quelque peu espiègle, mais dans lequel une bonté évidente inspirait confiance. Comme prévu, c’est lui qui lance une conversation animée, parlant de sa dévotion dans l’Ancien testament, les psaumes, les prophètes, le livre de la Sagesse. Il parle de son nom, comment il l’a choisi en pensant à la France ; il me demande où je suis né…Et moi, je cherche un moyen de faire une transition vers le sujet désiré. Je lui confie les grands espoirs que ses propres mesures, si spontanées, ont éveillée dans le cœur du peuple de l’Ancien testament, et que si nous en attendons encore plus de lui, c’était lui qui en était responsable, à cause de sa grande bonté. Ce qui le fit rire. Puis, j’essayais d’exposer ma requête concernant l’enseignement (de l’Eglise sur le judaïsme, ndlr) et avant tout en exposant ses fondements historiques. Mais comment faire comprendre à quelqu’un, en quelques minutes, ce que fut ce ghetto spirituel dans lequel l’Eglise avait progressivement enfermé le vieil Israël, en plus de l’enfermer dans un ghetto physique ? Il existe aujourd’hui un contre-courant purificateur qui grandit de jour en jour. Toutefois, de récentes études ont montré que « l’enseignement du mépris » demeurait encore. Entre ces deux tendances contraires, l’opinion catholique est divisée et incertaine. C’est pourquoi il est indispensable qu’une voix, au sommet de la hiérarchie – la voix de la tête de l’Eglise- indiquât à tous la bonne direction et condamne « l’enseignement du mépris » dans son essence anti-chrétienne. Puis, je présentais ma note conclusive et la proposition de créer un sous-comité pour étudier la question. Le pape répondit immédiatement : « Depuis le début de notre conversion, je pensais exactement à cela. » A plusieurs repris, pendant ma courte prise de parole, il montrait sa compréhension et sa sympathie. Mais voici la fin de l’entretien…En lui confiant toute ma gratitude pour son accueil, je lui demandais si je pouvais emporter avec moi quelque espérance. Il s’écria : « Vous avez droit à encore plus que cela ! » En souriant, il ajouta : « Je suis le chef, mais je dois aussi consulter, faire en sorte que ces questions soient étudiées. Ce n’est pas une monarchie absolue ici. » Puis, nous nous saluâmes, nous serrant à nouveau simplement les mains…
Le Cardinal Béa dont il est question dans cet article, fut l’une des principales chevilles ouvrières de la révolution moderniste, tout spécialement en ce qui concerne les questions relatives au judaïsme. Son activité en coopération avec les milieux sionistes juifs américains et français est parfaitement exposée dans le mémorandum du 17 novembre 1961, rédigé par les éminences du American Jewish Comitee, lesquelles y exposent leurs doléances pour la modifications de tout élément anti-judaïque dans la doctrine ou dans la liturgie catholique. Le document original est consultable en ligne ici.
[…] mais aussi chez les juifs progressistes ou crypto-talmudiques. Il est intéressant de voir que ce fut précisément la raison pour laquelle le juif Jules Issac fut délégué auprès de l’antip…, ce qui aboutit entre autres, au fameux document hérétique Nostra Aetate, ainsi qu’à toutes […]