La mortification du goût par le jeûne est une pénitence extrêmement précieuse devant Dieu. De nos jours, même les prêtres ne parlent plus que de la prière, eh bien! elle ne vaut pas grand’chose sans la mortification. L’Écriture joint d’ordinaire le jeûne ou l’aumône à la prière pour la rendre efficace. Il faut les deux, dit Jésus, pour chasser le démon d’impureté. Or l’impureté est très répandue précisément parce que les prêtres ne prêchent plus le jeûne; c’est à qui en ferait le moins. Aussi l’impureté se répand de plus en plus. Qu’on revienne au jeûne et surtout chez les jeunes si portés à l’impureté ! La gourmandise conduit à tous les péchés! Tandis que le jeûne mène à toutes les vertus !…Moïse jeûna 40 jours et 40 nuits et Dieu lui parla familièrement et lui donna la loi des 10 commandements. La gourmandise éloigne donc de Dieu et le jeûne nous rapproche de lui. Élie jeûna 40 jours et Dieu lui fit de magnifiques révélations sur le Messie et il mérita de passer à un meilleur monde sans mourir. J-C. jeûna 40 jours aussi et sur le Thabor ceux qui avaient jeûné également 40 jours, Moïse et Élie, leur apparurent, l’un représentant la Loi, l’autre les prophètes: trois grandes institutions divines inaugurées par un jeûne de 40 jours.
Quand les Apôtres et les premiers chrétiens voulaient obtenir une grâce de Dieu, ils jeûnaient et ils l’obtenaient. De nos jours quand les Évêques et les prêtres se réunissent pour délibérer sur quelque question religieuse, c’est entre des banquets qu’on décide! Aussi, jamais rien de bon ne sort de là. On rédige quelques résolutions et tout finit là ! Saint Grégoire dit que Saint Pierre jeûnait continuellement, que Saint Mathieu ne mangeait que des herbes, comme aussi Saint Jacques. Saint Ignace dit que les fidèles d’Alexandrie jeûnaient les mercredis et les vendredis en plus du Carême et des Quatre-Temps.
Inutile de citer des textes sans nombre qui montrent l’efficacité du jeûne pour désarmer la colère de Dieu: l’Écriture en est remplie: Judith, Esther, Jonas à Ninive, etc.…Continuons le texte de Saint Jérôme: « On empile toutes les ressources de l’horticulture parce qu’on ne veut pas se contenter de la nourriture ordinaire; mais en courant après les délices, on s’éloigne du royaume des cieux. J’apprends en outre qu’il y en a quelques-uns, qui, contrairement à l’usage établi ne boivent point d’eau, ne mangent pas de pain, mais se nourrissent de légumes hachés et de boissons délicates. Le jeûne le plus rigoureux est celui qu’on observe en se contentant de pain et d’eau ».
Au lac Édouard une épidémie de chenilles s’abat sur la région. M. Dumont, l’aumônier, qui avait suivi nos retraites, demande aux tuberculeux du Sana de jeûner en paroles, puisqu’ils ne pourraient pas le faire au pain et à l’eau. Il leur demanda de ne pas manger de bonbon ce jour-là et de garder le silence et de prier le plus possible. Le lendemain toutes les chenilles s’en allaient directement au lac où elles se noyaient et les autres moururent.
Quel dommage que les prêtres ne recourent plus à ces moyens si apostoliques et si efficaces pour toucher le cœur de Dieu! On voit que les Apôtres jeûnaient et priaient, puis le Saint Esprit les éclairait ! Quelle pitié de voir tant de réunions de prêtres et de religieux pour promouvoir les intérêts de la religion, comme les cercles d’étude catholiques, de congrès de catéchisme, etc. et l’on délibère sur les choses de Dieu à travers des nuages de fumée et en buvant de la liqueur et en mangeant toutes sortes de choses délicates! Quelle farce! Quelle ignorance des voies de Dieu! Est-ce surprenant que rien ne sort de ces assemblées à la païenne ?
Au lieu de discuter combien peu on peut se priver tout en jeûnant « strictement parlant », pourquoi les prêtres ne prêchent-ils pas le vrai jeûne des temps apostoliques ? Le moins possible et surtout au pain et à l’eau ! Au lieu de se tâter le pouls, qu’on tâte la dette épouvantable que chacun doit à la justice divine pour ses nombreux péchés jamais encore expiés, même s’ils sont pardonnés. Les flammes du purgatoire ou de l’enfer ne sont pas bonnes pour la santé!… et les petits inconvénients du jeûne les éteindraient pour vous… La mentalité n’est pas du tout au jeûne. Même en communauté combien pourraient jeûner qui ne le font pas? Quelle sorte de perfection cherchent-ils ces prêtres et ces religieux qui ont exclu le jeûne de cette recherche? Il y a quelque chose de foncièrement croche quelque part quand on exclut le jeûne de sa vie.
La sensualité se compose des trois concupiscences: celle des yeux, de la chair et l’orgueil de la vie… dont la résultante est l’impureté. C’est inutile pour les confesseurs de disputer les impudiques s’ils ne leur indiquent pas les remèdes. D’après le sermon sur la montagne Jésus enseigne que la maison qui est bâtie sur le sable tombe. Eh bien! le sable est la mentalité païenne des motifs naturels en toutes choses. Celui qui s’accuse d’impureté montre qu’il vit de motifs naturels depuis des années. Le seul remède efficace est d’enlever les motifs naturels dans sa vie. Qu’on lui conseille de cesser de fumer ou de boire de la liqueur ou d’aller aux amusements de toutes sortes où il a mis son cœur et qui lui fournissent des motifs naturels. Il ne faut pas manquer de les pousser à quelques jeûnes à différents repas pour que ça ne paraisse pas aux yeux des autres. Il faut sauter un repas, par-ci par-là, ou ne prendre qu’un demi-repas, etc. Qu’il aille de moins en moins aux vues, etc.… Ce n’est que par la mortification des appétits, des bons comme des mauvais qu’on aura la grâce de résister aux tentations si fortes et si dangereuses de l’impureté à tout âge et dans tous les rangs de la société.
Quand on sacrifie un plaisir permis, on gagne une grâce pour en faire un autre et ainsi de suite. Voilà ce qui donnera la force de résister aux grandes tentations impures. Luttons de toutes nos forces contre toutes ces concupiscences et nos attraits pour les plaisirs même permis. En proportion qu’on vide son cœur de l’amour des créatures, Dieu prend la place, il le purifie et le remplit de divin.
Père Onésime Lacouture S.J., Instruction de retraite sur la mortification par le jeûne
[…] un discours d’introduction à une retraite et parlant de la discipline du jeûne et de la mortificati…, le père Lacouture avait également décrit de façon saisissante le relâchement d’un certain […]
merci pour ce texte du Père Onésime que je découvre depuis peu. savez vous où je puis trouver d’autres textes de lui?