Hâtons-Nous, au contraire, de Nous féliciter de la résolution qu’on vient de formuler : vous allez veiller à ce que la femme catholique se sente tenue non seulement d’être honnête, mais encore de prouver son honnêteté par la façon de se vêtir. Pareille résolution rappelle la nécessité pour la femme catholique de donner le bon exemple. Quel grave et urgent devoir de condamner les exagérations de la mode! Nées de la corruption de ceux qui les lancent, comme le remarquait tout à l’heure la très digne présidente de l’Union des Femmes catholiques, ces toilettes inconvenantes sont, hélas ! un des ferments les plus puissants de la corruption générale des mœurs. Nous croyons devoir insister d’une manière particulière sur ce point. Nous savons, d’une part, que certaines toilettes aujourd’hui admises chez les femmes sont funestes au bien de la société, car elles sont une funeste provocation au mal; et, d’autre part, Nous sommes rempli d’étonnement, de stupeur, en voyant que celles qui versent le poison semblent en méconnaître les funestes effets, que l’incendiaire qui met le feu à la maison semble en ignorer la puissance de dévastation. L’ignorance peut seule expliquer la déplorable extension prise de nos jours par une mode si contraire à la modestie, le plus bel ornement de la femme chrétienne ; mieux éclairée, il Nous semble qu’une femme n’eût jamais pu arriver à cet excès de porter une toilette indécente jusque dans le lieu saint, sous les regards des maîtres naturels et les plus autorisés de la morale chrétienne.
Aussi, avec quelle satisfaction approuvons-Nous que les adhérentes de l’Union des Femmes catholiques aient inscrit dans leur programme la résolution de se montrer honnêtes même dans leur mise. Par cet engagement elles remplissent le devoir strict de ne pas donner le scandale et de ne pas être pour autrui une pierre d’achoppement dans le chemin de la vertu ; elles témoignent, de plus, avoir compris que, leur mission ayant pris une large étendue dans la société, il leur incombe de donner le bon exemple non plus seulement entre les murs du foyer domestique, mais encore dans les rues et sur les places publiques. Il importe que les femmes catholiques acceptent en toute logique cet important devoir : il leur impose, outre des obligations individuelles, une mission sociale. Aussi désirons-Nous que les nombreuses adhérentes de l’Union des Femmes catholiques aujourd’hui réunies en Notre présence forment entre elles une ligue pour combattre les modes indécentes, non pas seulement en ce qui les concerne, mais encore chez toutes les personnes ou familles sur lesquelles leur influence peut s’exercer efficacement.
La mère chrétienne ne doit jamais, cela va de soi, permettre à ses filles de céder aux fausses exigences d’une mode répréhensible ; mais il ne sera pas superflu d’ajouter que la femme d’un rang social plus élevé est plus rigoureusement tenue de ne pas tolérer chez ses visiteuses des immodesties de toilette. Un avis donné à propos empêcherait le retour de celte audacieuse absence de réserve qui viole les droits de l’hospitalité bien comprise. Et peut-être l’écho de ce blâme, arrivant opportunément à d’autres personnes peu attentives, complices des créateurs des modes inconvenantes, leur donnerait-il le courage de ne plus se déshonorer en portant ces toilettes indécentes ou toutes autres analogues que la sage maîtresse de maison aura réprouvées sans hésitation. Nous croyons que cette ligue contre les dérèglements de la mode ne peut que trouver bon accueil chez les pères, les époux, les frères et tous les parents des courageuses militantes. Nous voudrions, en tout cas, que s’emploient à la favoriser et répandre du mieux possible les pasteurs sacrés et tous les prêtres qui ont charge d’âmes, là où la mode a franchi les limites de la modestie… et elle les a franchies en de nombreuses régions !
Mais que Notre parole soit entendue principalement de vous, très chères Filles, qui avez aujourd’hui manifesté votre résolution d’être des apôtres au milieu du monde. Il ne faut pas croire, du reste, que le bon exemple favorise seulement l’œuvre éducatrice qui revient directement à la femme, dans la famille comme au dehors; le courage chrétien, qui donne vie au bon exemple de la femme dans les milieux corrompus de notre époque et tient tête au débordement de modes indécentes, facilite encore la mission de la femme au milieu de la société. Aussi le langage populaire lui-même exprime-t-il un adage du bon sens quand il affirme que « la vertu s’impose ». (…).
Pape Benoît XV, « Allocution sur la mission de la femme dans la société », 21 octobre 1919, in Actes de Benoît XV, tome II, Maison de la Bonne Presse, Paris, 1926, p. 69-70.
[…] un certain temps à en compiler les textes majeurs sur Fide Catholica. Dès le pontificat de Benoit XV, l’Eglise avait compris qu’un siècle après le temps de la révolution française, la […]
[…] un certain temps à en compiler les textes majeurs sur Fide Catholica. Dès le pontificat de Benoit XV, l’Eglise avait compris qu’un siècle après le temps de la révolution française, la […]