Saint Clément était né à Rome. Riche, instruit, ardent à chercher la vérité, il trouva dans la religion chrétienne la satisfaction entière des exigences de sa raison et des aspirations de son âme. Non seulement il se fit chrétien, mais il seconda les Apôtres dans la prédication de l’Évangile ; et saint Paul, dans son épître aux Philippiens, rappelant les travaux de Clément, assure que son nom est écrit au Livre de vie. Cet attachement de Clément aux Apôtres, ce zèle qu’il montra pour la foi, l’on fait appeler par les Pères homme apostolique.
Élevé à l’épiscopat par saint Pierre, il devait être son troisième successeur, vers l’an 91. Il vit la chute et la mort de Néron, ainsi que la prise et la ruine de Jérusalem. Sous l’empereur Vespasien, Clément fut conduit au tribunal du préfet, qui demeura émerveillé de la sagesse de ses réponses ; mais la volonté de l’empereur était nette : « Que Clément sacrifie aux dieux ou soit exilé en Chersonèse ! » Quelle ne fut pas la joie du saint exilé, de trouver dans ce lointain pays deux mille chrétiens ! La consolation de ces chrétiens fut indicible : « Dieu, leur dit l’humble Pontife, m’a fait une grâce dont je n’étais pas digne, en m’envoyant au milieu de vous partager vos couronnes. »
Les généreux confesseurs de la foi, au milieu de leurs rudes travaux, étaient souvent privés d’eau et devaient aller la chercher à une très forte distance. Plein de confiance en Dieu, Clément dit aux chrétiens : « Prions le Seigneur, qui a fait jaillir l’eau d’un rocher du désert ; Il nous viendra en aide. » Il se mit donc en prière, et bientôt, levant les yeux, il aperçut sur la colline un agneau blanc comme la neige, qui de son pied droit indiquait une source d’eau vive jaillissant soudain. A partir de ce jour, les martyrs eurent de l’eau en abondance. La nouvelle de ce miracle fit une grande impression dans tout le pays, les conversions se multiplièrent, des églises se bâtirent, et quelques années plus tard le paganisme était complètement détruit.
Saint Clément nous a laissé dans ses lettres le plus charmant tableau de ses missions apostoliques. Ce fut seulement sous Trajan, après plus de vingt ans d’exil, que le saint Pape, devenu très suspect à cause de son zèle et de ses succès, fut jeté à la mer, une ancre au cou. Les chrétiens priaient sur la plage. La mer se retira, chose inouïe, d’une lieue et demi, et le corps du martyr parut à découvert, dans une chapelle de marbre construite par les anges. Les marins ont pris saint Clément pour patron.
Vie des Saints pour tous les jours de l’année, Abbé Jaud